dimanche 5 avril 2015

Investir par approche indicielle : Comment?

Comme j’en ai discuté dans un billet précédent, l’approche indicielle est une méthode d’investissement que j’apprécie beaucoup. C'est une méthode qui est à la fois simple, accessible, peu coûteuse et adaptée à tous.

C'est tellement simple comme stratégie qu'on lui a donné un nom très évocateur : le Couch Potato Portfolio. En effet, on n'a besoin de se lever du divan que quelques minutes par année pour gérer ce portefeuille, pour ensuite s'écraser devant la télé et ne plus y penser!


Qu'est-ce qu'un fonds indiciel, exactement?

Les chroniqueurs économiques à la télé utilise souvent des phrases comme "Les marchés canadiens ont monté de 1% aujourd'hui" ou encore "Le S&P 500 a perdu 250 points en fin de séance". Mais que diable veulent-ils dire par là?

Les marchés boursiers sont vastes et diversifiés : des centaines de compagnies y sont inscrites et des millions d'actions sont achetées et vendues toute la journée. Pour simplifier l'évaluation de la performance du marché, on a créé des indicateurs qui agissent comme des portefeuilles contenant des centaines d'actions : ce sont les indices. Ils portent souvent le nom de la firme qui effectue le suivi de sa performance. Par exemple, la firme Standard & Poor compile pour les investisseurs l'indice S&P 500, qui suit l'évolution des 500 compagnies américaines les plus importantes*. L'indice S&P/TSX Composite, quant à lui, regroupe les 250 plus importantes compagnies canadiennes.

On n'achète pas directement un indice. Les compagnies qui gèrent des fonds commun de placement indiciels cherchent à reproduire la performance des indices en achetant des actions des compagnies qui les composent. Ainsi, quand un investisseur achète une part dans ce fonds, il se retrouve à investir dans tout le marché sous-jacent en même temps, plutôt que dans une ou deux compagnies individuelles.

(* Par "importance", j'entends ici la capitalisation boursière, qui est le total de ce que cela coûterait pour acheter toutes les actions existantes d'une compagnie.)


Les frais

Tous les fonds communs de placements, indiciels ou non, ne sont pas créés égaux. Des frais de gestion sont prélevés à même les actifs du fonds par les banques pour payer leurs employés, la papeterie, les locaux, les frais de transaction... La performance du fonds est ainsi réduite d'autant. 

Au Canada, la majorité des fonds chargent des frais de transaction de l’ordre de 20$ à 30$ par 1000$ investi.* Les fonds indiciels ne devraient pas coûter aussi cher car leur approche est passive : peu de transactions sont effectuées et on n’a pas à payer beaucoup de gens pour gérer ces fonds.. On se rapproche alors des 10$ par 1000$ en frais de gestion, souvent moins.

À première vue, ces frais semblent peu élevés. Cependant, sur plusieurs dizaines d'années, la différence devient majeure. Supposons que les marchés sur 30 ans rapportent 8% annuellement. Un fonds à 3% de frais de gestion aura ainsi un rendement de 5%, alors qu'un fonds à 1% de frais de gestion aura un rendement de 7%. Ainsi, 10 000$ investis dans les deux fonds, au bout de 30 ans, auront crû jusqu'à plus de 43 000$ et 76 000$ respectivement. Une grosse différence pour 200$ de frais de gestion de plus!

(* : Dans le jargon de l’investissement, les frais de gestion sont exprimés en pourcentage. Par exemple, 10$ par 1000$ investi représente 1% de frais de gestion.)


La diversification

On dit souvent qu'il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. C'est également vrai en investissement.

Si je mettais tout mon argent dans les actions d'une seule compagnie, l'avenir de mes économies serait à risque : si la compagnie devait couler, ma retraite coulerait également. Je courrais également la chance de faire un gros coup si elle prenait son envol. Suis-je prêt à tout miser sur le même cheval?

En répartissant mon avoir entre plusieurs compagnies, je répartis également le risque. Certaines entreprises réussiront mieux que d'autres et je serai content de ne pas avoir tout mis dans celles qui vont mal. Je cours cependant moins la chance de faire d’énormes gains. 

Il peut également être bon de diversifier ses avoirs selon la géographie. Le Bourse canadienne, par exemple, est majoritairement composée de titres bancaires ou liés aux ressources naturelles. La Bourse américaine offre une plus grande diversité. Ailleurs dans le monde, les marchés émergents (Chine, Inde, etc.) sont en plein essor et peuvent également être de bons placements. Pour ne pas dépendre de la performance des compagnies d'un pays en particulier, il est bon de jouer les globe-trotteurs avec ses actifs. Cependant, il peut être sage de conserver une bonne partie de ses actions dans son propre pays. Cela nous permet de se prémunir contre les variations du dollar canadien par rapport aux autres devises.

Les fonds indiciels offrent la possibilité d'avoir une excellente diversification, autant sectorielle que géographique.


La répartition des actifs

Dans la construction d'un portefeuille de placements, on peut considérer d'autres types d'investissements que les actions. Le plus commun est le placement à revenu fixe. C'est un type de placement généralement sécuritaire qui offre un rendement consistant. On peut penser aux certificats de placement garantis, aux Bons du Trésor ainsi qu'aux obligations. Souvent, les investisseurs vont mettre de l’argent dans les placements à revenus fixe lorsqu’ils ont l’impression que les actions vont baisser. Les baisses de l’un viennent compenser les hausses de l’autre, ce qui tempère les variations de notre portefeuille

De manière générale, plus notre horizon d'investissement est long, plus notre portefeuille peut comporter d'actions. Également, si nous avons besoin d'un meilleur rendement pour atteindre nos objectifs financiers, on peut augmenter la portion d'actions - en acceptant un risque plus élevé. Enfin, pour les gens qui sont intolérants aux variations importantes dans la valeur de leurs placements, augmenter la portion d'obligations permet réduire l'effet montagnes russes.

L'important c'est de choisir une répartition d'actifs qui vous permet de dormir la nuit!


Le rééquilibrage

Maintenant que nous avons décidé de la répartition de nos actifs et nous avons acheté des parts dans des fonds indiciels qui concordent avec notre plan, qu'est-ce qu'on fait avec tout ça?

J'ai expliqué au départ que quelques minutes par année étaient suffisantes pour maintenir un portefeuille indiciel. En effet, l'opération de rééquilibrage ne prend pas beaucoup de temps. Une fois par année, on regarde comment nos placements ont évolué et dans quels proportions ils se retrouvent. Par exemple, notre portefeuille débute l’année à 60% en actions et 40% en obligations. Les marchés boursiers performent bien dans les mois qui suivent, amenant la proportion d’actions à 70%. Au moment de rééquilibrer, on vend du côté des actions et/ou on achète du côté des obligations pour ramener les pourcentages à notre répartition initiale.

Cette méthode systématique a plusieurs avantages. Tout d’abord, le rééquilibrage ne tient pas compte du fait qu’on puisse être attachés à tel ou tel investissement dans notre portefeuille. Ensuite, en achetant les fonds qui ont moins bien performé et en vendant ceux qui ont monté, on se retrouve à "acheter bas, vendre haut", ce qui est la seule façon de faire de l'argent! Finalement, une fois le rééquilibrage effectué, on peut refermer le tout et l'oublier pour une autre année!


Dans la prochaine partie de cette série, je vous montrerai trois exemples de portefeuilles indiciels. Vous n'aurez qu'à appliquer ces recettes et vous serez sur la voie de la patate de salon!


Inscrivez-vous à mon fil RRS, suivez mon compte Twitter ou inscrivez-vous aux mises à jour par courriel pour rester à l’affût. Les liens sont également en haut de la page.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire