lundi 19 août 2013

L'inflation, un fléau silencieux

Les gens de ma génération s'en souviennent : quand on était petits, on allait au dépanneur du coin acheter des "bonbons à une cenne" avec notre argent de poche. On en ressortait avec un sac plein de jujubes, un sourire aux lèvres et quelques caries en développement. Maintenant, on ne peut plus acheter grand chose avec quelques sous. C'est l'effet de l'inflation qui se fait ressentir : le coût des biens et services augmente avec le temps.

Qu'est-ce que l'inflation?

On définit l'inflation comme étant "la hausse soutenue du niveau général des prix"(réf 1). Les causes de l'inflation sont nombreuses, pas toujours claires et font l'objet de nombreuses théories économiques qu'il serait trop compliqué d'expliquer ici. La Banque du Canada, banque centrale qui gère l'économie au pays, se sert de ses politiques monétaires pour tenter de contrôler le niveau d'inflation et de conserver la force du dollar canadien. Elle se sert de différents indices pour mesurer l'inflation, le plus populaire étant l'indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure directement l'évolution du coût de la vie. L'IPC est règulièrement publié par Statistiques Canada et se calcule en tenant compte de plusieurs composantes, notamment :

Besoins primaires
  • Les aliments
  • Le logement
  • L'habillement
  • La santé
Dépenses secondaires
  • Le transport
  • Les loisirs
  • L'alcool et le tabac

    Le graphique ci-dessous montre le taux de variation de l'inflation sur 12 mois depuis 2008. En juin 2013, l'IPC a grimpé de 1.2% dans les 12 mois précédents, principalement à cause de l'augmentation des coûts du transport(réf 2).

    Taux de variation de l'inflation 2008-2013. Source : Statistiques Canada
    (Cliquer pour agrandir)

    Il y a peu de chances qu'on expérimente une "hyperinflation" telle que celle qu’a vécu l’ex-Yougoslavie entre 1989 et 1994. Un taux quotidien de 64.6% a été observé (313 millions de % par mois) alors que le pays imprimait de plus en plus d’argent et était sous sanctions sévères de l’ONU(réf 3). Un exemple encore plus marquant est celui du Zimbabwe entre 2000 et 2009. Le gouvernement a carrément cessé de compter après 2008 parce qu'il trouvait que ça avait l'air fou : il a été estimé par la suite que le taux d’inflation mensuel était de presque 80 milliards de % par mois(réf 4). Un pain pouvait s'acheter plus de 550 millions de dollars zimbabwéens (plus encore sur le marché noir). Le gouvernement devait imprimer des billets comme ceux-ci, qui valaient 30 dollars américains à l'époque :


    (Cliquer pour agrandir)


    Qu'est-ce que ça change?

    Ce qui importe pour le commun des mortels, c'est de savoir que le coût de la vie augmente généralement avec le temps. Ainsi, avec 100$ en poche, on peut acheter davantage de biens et services aujourd'hui que dans 30 ans. C'est donc un élément important à considérer dans la planification de l'indépendance financière et de la retraite. Normalement, nos salaires sont augmentés annuellement pour suivre l'effet de l'inflation et pour conserver notre pouvoir d'achat. C'est ce qu'on appelle l'indexation.

    Également, le rendement de nos placements est influencé à la baisse par l'inflation. C'est pour cela qu'on peut qualifier cette dernière de "fléau silencieux" : elle n'est pas visible sur nos relevés mais elle diminue pourtant l'ampleur des gains provenant de nos investissements, érode notre pouvoir d’achat et nous éloigne de notre cible. (Voir les commentaires pour un exemple)

    Bien qu'on ne puisse généralement éviter l'effet de l'inflation dans le calcul du rendement réel de nos placements, on peut aussi voir que de placer son argent dans des régimes exempts d'impôts (comme le CÉLI) est clairement à notre avantage.


    Références

    (réf 1) PLAMONDON, Rolland G. et SAUVÉ, Pierre. (2012). « La démarche professionnelle en planification financière personnelle : une activité stratégique d’intégration », dans Rolland G. Plamondon et Pierre Sauvé (dir.), La planification financière personnelle : une approche globale et intégrée, 6e édition, Montréal, Chenelière Éducation inc., pp. 63-66.
    (réf 2) Statistiques Canada. "Indice des prix à la consommation, juin 2013". Page consultée le 13 août 2013 http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/130719/dq130719a-fra.htm
    (réf 3) Business Insider. "The 10 Worst Hyper-Inflation Horror-Stories of the Past Century". Page consultée le 19 août 2013 http://www.businessinsider.com/worst-hyperinflation-2011-10
    (réf 4) HANKE, Steve H. and KWOK, Alex K.F. On the measurement of Zimbabwe's hyperinflation. Cato Journal, 29(2):353-364, 2009. (Version PDF)

    1 commentaire:

    1. Prenons par exemple un placement avec un rendement espéré à long terme de 8%. Supposons également un taux d'inflation de 3% et un taux d'imposition de 40%. Grâce à un petit calcul approximatif, on peut déduire que le placement a plutôt rapporté 1.8% (le rendement réel).

      - Rendement après impôts : 8% - 40% de 8% = 8% - 3.2% = 4.8%
      - Rendement après impôts et inflation : 4.8% - 3% = 1.8%

      En chiffres, supposons un placement de 1000$. Avec un rendement espéré de 8%, cela donne 1080$ après un an. En comptant les impôts, on se retrouve avec 1048$. Une fois qu’on tient compte de l’inflation, ces mêmes 1048$ ont plutôt un pouvoir d’achat équivalent à 1018$ l’an dernier.

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