lundi 22 juillet 2013

On a acheté une voiture! (ou Prétexte pour parler de financement)

Ça y est, je suis maintenant fier acquéreur d’une voiture!

Nous avons acheté une voiture usagée chez un concessionnaire et nous l’avons financée sur cinq ans. Cela m’a donc donné l’idée de ce billet sur les achats à crédit et sur le financement. Vous verrez qu’en effectuant de légers sacrifices tôt dans l’achat, on peut sauver des sous et se débarrasser de nos dettes plus rapidement.

Les banques se servent du taux d’intérêt et de la période de remboursement (ou amortissement) pour calculer les mensualités d’un prêt donné. Chacun de ces éléments a donc un effet sur le coût total d’emprunt.

Le taux d’intérêt

Quand un débiteur (ex: nous) emprunte de l’argent à un créditeur (ex: la banque), ce dernier lui prête un montant et exige un dédommagement pour cet emprunt : ce sont les intérêts. Selon la valeur du taux d’intérêt, le débiteur aura à rembourser une somme plus importante que le montant emprunté au départ.

Exemple : J’emprunte 1000$ à la banque. Ignorons les remboursements pour l’instant. Si le taux d’intérêt annuel est de 5%, dans un an les intérêts seront de 1000$ x 5% = 50$ et je devrai 1050$ à la banque. Dans deux ans, ces intérêts seront de 1050$ x 5% = 52,50$ et je devrai 1102,50$.

Vous voyez comment les intérêts à chaque année augmentent? C’est le phénomène de l’intérêt composé. D’une année à l’autre, la portion d’intérêts non payés produit d’autres intérêts et le tout augmente de façon exponentielle...

Imaginons maintenant que je tienne un solde de 1000$ sur ma carte de crédit à un taux d’intérêts de 20%. Supposons, pour simplifier, que les intérêts sont ajoutés au montant dû (“capitalisés”) chaque année. Dans un an, les intérêts courus seront de 200$ et je devrai 1200$. Dans deux ans, je devrai 1440$. Dans trois ans, 1728$... La situation dégénère de plus en plus rapidement!

Le taux d’intérêt est donc un indicateur des frais que j’aurai à payer pour emprunter de l’argent à un créditeur. Plus il est élevé, plus j’aurai intérêt à rembourser rapidement...

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La régle du 72

Un truc facile permet d’estimer en combien de temps un montant doublera avec les intérêts. Il s’agit de diviser 72 par le taux. Par exemple, à un taux de 5%, un montant doublera dans 72/5 = environ 14 ans. Pour 20%, on parle d’environ 72/20 = environ 3,5 ans.


L’amortissement

Il est presque normal de nos jours de se dire “Je paierai ma voiture sur 7 ans” ou “Je paierai ma maison sur 25 ans”. Mais qu’en est-il si on modifie cette période (amortissement)?

Regardons ce qui se passe lorsqu’on modifie la période d’amortissement d’un prêt. Supposons l’achat d’une voiture de 20 000$ à un taux d’intérêt de 5%, sans mise de fonds. En utilisant une calculatrice financière ou notre logiciel de tableur numérique préféré, on obtient les différents scénarios suivants :

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Les concessionnaires poussent souvent, pour les voitures neuves, des périodes d’amortissement de sept ans (84 mois). Pour la situation ci-haute, cela représente des mensualités de 282$ et un montant total payé de 23 646$. En ramenant plutôt le financement sur cinq ans, j’ai des mensualités de 376$ (94$ de plus par mois), pour un montant total payé de 22 552$. En plus de se débarrasser de la dette deux ans plus tôt, on sauve 1096$ en intérêts.

Maintenant, supposons l’achat d’une maison financée à 200 000$ à un taux d’intérêt de 5% (oublions la mise de fonds pour l’instant). On hésite entre un amortissement de 20 ou de 25 ans.


Temps (années)
Mensualité
Intérêts payés
Montant total payé
20
$ 1 314,43
$ 115 464,32
$ 315 464,32
25
$ 1 164,33
$ 149 298,61
$ 349 298,61

La mensualité pour un paiement sur 20 ans est de 150$ plus élevée que pour un paiement sur 25 ans, mais la somme sauvée est de 33 834$!


La mise de fonds

Une façon plus efficace encore de réduire les intérêts payés est de fournir un montant comptant à l’achat. Puisque ce montant est appliqué directement au principal (le montant initial du prêt), il n’a pas le temps de faire des petits (intérêts). Le montant des mensualités pourront alors être réduites.

Reprenons l’exemple de la voiture de 20 000$, financée à 5% d’intérêts sur 5 ans. Voici les mensualités et les intérêts payés pour des mises de fonds allant de 0$ à 5000$

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Avec une mise de fonds de 5000$, les mensualités seront réduites de près de 100$ par mois et les intérêts payés, de 638$.

La question de la mise de fonds est souvent soulevée dans le cas de l’achat d’une maison, pour la simple et bonne raison que pour une mise de fonds inférieure à 20% du prix d’achat, la banque exigera que l’on souscrive à une assurance avec la Société canadienne d’hypothèques et le logement (SCHL). C’est une assurance exigée par la banque pour se protéger au cas où on ne pourrait plus payer l’hypothèque. Elle ne protège pas l’emprunteur mais bien la banque elle-même. Une mise de fonds de 20% et plus permet de l’éviter.

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Ainsi, fournir une mise de fonds de 25% (50 000$) permet, dans ce cas-ci, de réduire la mensualité de plus de 300$ et les intérêts payés à terme, de près de 47 000$ (par rapport à une situation sans mise de fonds).


Et notre voiture dans tout ça?

Nous avons financé la voiture sur 5 ans, à 4,9% d’intérêt et avec une mise de fonds de 5 500$. La mise de fonds a permis de réduire les mensualités de près de 100$ par mois. De plus, comme c’est un prêt ouvert, nous pourrons le rembourser plus rapidement en effectuant des versements qui iront directement diminuer le capital. Ce faisant, nous serons propriétaires de la voiture d’ici moins de cinq ans. Avec un budget réaliste incluant tous les à-côtés de l’achat d’une voiture (essence, immatriculations, réparations, assurances, etc.), nous allons profiter pleinement de notre nouveau joujou!

lundi 8 juillet 2013

L'indépendance financière

Dans son livre Findependence Day (1), l’éditeur en chef de la revue MoneySense et journaliste économique Jonathan Chevreau parle d’indépendance financière (ou « findépendance ») comme étant une première retraite. À partir de ce moment, les revenus que nous rapportent nos investissements auront dépassé ceux que nous rapporte notre travail. Continuer à travailler devient alors un choix plutôt qu’une obligation. Le moment de la seconde retraite, ou retraite complète, est également un choix conscient qui permet dès lors de vivre les années qui suivent sans crainte de perdre de sa qualité de vie.

La qualité de vie, c’est le niveau de satisfaction que nous retirons quand nous comblons nos besoins physiologiques, sociologiques et psychologiques. (Vous rappelez-vous de la pyramide des besoins de Maslow?) Des dépenses sont souvent associées à ces besoins : on parle du coût de la vie. Comme la satisfaction de ces besoins passe notamment par l’achat de produits et de services, le budget est un outil privilégié pour gérer nos comportements financiers..

Je n’ai pas encore fixé de date précise à ma « Journée de la findépendance », mais je sens que je suis sur la bonne voie.

Le chemin vers l’indépendance financière


Être indépendant financièrement, pour certains, c’est conduire une voiture sport, vivre dans un château ou encore voyager partout dans le monde. Pour d’autres, c’est plutôt être en mesure de s’assurer une qualité de vie satisfaisante à court, à moyen et à long terme, sans pour autant posséder le compte de banque de Picsou.

Pour prendre en charge mes finances et m’engager vers l’indépendance financière, j’ai ainsi regardé deux choses : les revenus dont je dispose (ma capacité financière) ainsi que la façon dont je gère ces revenus (ma performance financière).

Mes revenus comprennent ce que je gagne comme salaire ainsi que ce que mes investissements rapportent. Ces revenus devraient être suffisamment stables pour permettre des estimations fiables.

Pour bien gérer ses revenus, il faut penser à deux choses : dépenser intelligemment et investir sagement. Dépenser de manière éclairée ne veut pas dire être « cheap » : c’est plutôt savoir dépenser. Dans le même ordre d’idées, investir n’est pas une course aux plus gros bénéfices. On doit plutôt viser des rendements raisonnables et plus sûrs plutôt que des rendements élevés mais trop risqués.

Pour atteindre l’indépendance financière, j’aurai donc deux grandes étapes à franchir (2) :
  1. Me débarrasser de toutes mes dettes personnelles tout en maintenant ma qualité de vie.
  • C’est un objectif généralement planifié à moyen terme, soit sur environ cinq ans.
  • Dans mon cas, j’ai déjà pu éliminer mes prêts étudiants. L’achat d’une voiture pourra être parmi ces dettes à éliminer à court ou moyen terme. Une hypothèque est généralement acceptable à cette étape puisque son paiement est échelonné sur le long terme.
  1. Réussir à accumuler suffisamment d’argent pour pouvoir prendre une préretraite ou une retraite complète tout en maintenant ma qualité de vie.
  • C’est un objectif généralement planifié à long terme, sur une période de 15 à 30 ans.
  • De mon côté, j’ai commencé à contribuer à mon régime de retraite au travail. J’ai aussi mon CÉLI, mon REÉR et quelques investissements hors régime.

Suggestion de lecture

J’en profite pour faire de Findependence Day une suggestion de lecture à la fois éducative et divertissante. En effet, l’auteur a choisi la forme du roman pour véhiculer ses conseils financiers. On y suit l’histoire de Jamie Morelli, un adepte de disques vinyles de 28 ans qui, après avoir été humilié à la télé nationale dans un talk-show sur les gens criblés de dettes, décide de prendre sa vie financière en mai. Il fixe alors son « Jour de findépendance » au jour de ses 50 ans. Sa femme Sheena est cependant un peu moins déterminée à suivre son mari dans le style de vie austère qu’il veut s’imposer. Jamie sera également confronté au monde excitant mais risqué du marché boursier et des compagnies en démarrage, qui viendront mettre en péril ses objectifs.

L’auteur aborde ainsi plusieurs facettes de la finance personnelle et des investissements, tout en gardant un ton léger et accrocheur. L’intrigue amoureuse s’entremêle ainsi habilement avec les conseils sur la frugalité et les REÉR, le drame économique avec la planification d’un portefeuille de placements, le tout avec humour.

La première édition canadienne du livre est disponible sur le site Internet de son auteur ainsi que sur Amazon.ca.  Une édition révisée est à venir.

(1) CHEVREAU, Jonathan. (2008). Findependence Day : One Couple's Turbulent Journey to Financial Independence. Toronto, Power Publishers Inc., 188 pages
(2) PLAMONDON, Rolland G. et SAUVÉ, Pierre. (2012). « La démarche professionnelle en planification financière personnelle : une activité stratégique d’intégration », dans Rolland G. Plamondon et Pierre Sauvé (dir.), La planification financière personnelle : une approche globale et intégrée, 6e édition, Montréal, Chenelière Éducation inc., p. 32.


lundi 1 juillet 2013

Bilan de départ - Juillet 2013

Je vais effectuer un rapide tour d'horizon des différents comptes et véhicules d'investissement que je possède, question de vous familiariser avec certains qui sont plus méconnus.


ACTIFS

Comptant

  • Comptes-chèques : Tout le monde en a un pour ses transactions courantes et pour les rares chèques qu'on a encore besoin de produire. Les taux d'intérêt sont généralement quasi-nuls, mais pour mon compte ENTR@IN chez ING Direct c'est quand même pas si pire : 0.25%. Et il n'y a aucuns frais de transactions!
  • Comptes d'épargne : Pratiques pour garder son argent avec un peu plus de rendement tout le gardant facilement accessible. Taux d'intérêt un peu plus élevé (1.35% chez ING Direct) mais ce n'est pas les gros chars, comme on dit.


Placements non enregistrés

  • J'ai des actions de quelques compagnies canadiennes qui rapportent des dividendes, c'est-à-dire un retour des profits qui m'est accordé aux 3 mois, le plus souvent. Je réinvestis automatiquement ces retours dans d'autres actions.
  • Les placements sont "non enregistrés", c'est-à-dire que le gouvernement vient prendre de l'impôt sur les dividendes mais également sur les gains en capital, soit l'argent que je fais quand je vends des actions.


Régime enregistré d'épargne-retraite (REÉR)

C'est un ensemble de comptes et d'investissements qui sont enregistrés auprès du gouvernement. Une cotisation à un REÉR engendre un retour d'impôt (c'est l'avantage le plus connu!). Son but est souvent de ramasser de l'argent pour la retraite, mais on peut aussi profiter de programmes gouvernementaux pour acheter une maison ou retourner aux études.

Le gouvernement permet de placer de l'argent non imposé dans un compte et de le faire profiter sans payer d'impôt durant la durée de vie du REÉR. Par contre, il nous attend dans le détour : tout retrait du REÉR est ajouté au revenu de la personne dans une année et est taxé en conséquence, selon son taux marginal (ce qu'on appelle communément le "bracket d'impôt"), peu importe si c'est l'argent qu'on y a mis au départ ou les profits qu'on en a retiré.

Les droits de cotisation pour une année donnée sont généralement de 18% du revenu personnel de l'année précédente. Ils peuvent être moindres si on cotise déjà à un régime de retraite au travail.

  • Compte d'épargne : J'ai un tel compte chez ING Direct. C'est une façon de garder de l'argent dans mon REÉR en toute sécurité, mais avec un rendement moindre. Je prévois l'utiliser bientôt pour acheter une maison, c'est pour cela que je ne l'investis pas dans des placements à risque.
  • Fonds communs indiciels : Les fonds communs de placement sont des ensembles d'actions dont l'achat et la vente sont gérés par une compagnie qui utilise l'argent de plusieurs investisseurs. Les fonds dits indiciels vont tenter de posséder des actions qui représentent bien le marché boursier entier.
    • Portefeuille à viser ING Direct : Celui-ci comprend 50% d'actions canadiennes, 25% d'actions américaines et 25% d'actions étrangères. Il est géré par ING Direct qui s'assure que les proportions sont gardées malgré les fluctuations du marché. C'est un portefeuille assez risqué que je vais sûrement liquider prochainement...


Compte d'épargne libre d'impôt (CÉLI)

Contrairement à ce que son nom suggère, le CÉLI n'est PAS un compte d'épargne. Le CÉLI a été créé en 2009 et, comme le REÉR, c'est un ensemble de comptes et investissements qui est traité différemment par le gouvernement au niveau des impôts. Par contre, le traitement fiscal et le fonctionnement sont un peu différents du REÉR.

Dans ce cas-ci, tout gain dans le CÉLI n'est jamais imposé. Donc, si on mets 1000$ dans un compte CÉLI et qu'on gagne 25$ en intérêt, on ne paye pas d'impôt sur le 25$ ni sur le moment, ni au retrait. L'argent mis dans un CÉLI a déjà été imposé par le gouvernement, qui nous donne alors un petit break pour les profits :)

Le droit de cotisation par année est fixée par le gouvernement fédéral et est la même pour tous : en 2013 elle est de 5500$. Les droits de cotisation s'accumulent d'année en année (à partir de l'âge de 18 ans), ce qui signifie que quelqu'un qui avait 18 ans en 2009 et qui n'a jamais cotisé peut placer jusqu'à 25 500$ en 2013.

Il est possible de retirer de l'argent d'un CÉLI : on récupère alors le droit de cotisation équivalent l'année suivante. L'argent retiré n'est pas imposé et ne réduit pas les montants reçus de programmes fiscaux comme la pension de vieillesse.

  • Compte d'épargne CÉLI : J'ai un tel compte chez ING Direct. C'est exactement comme un compte d'épargne régulier sauf que je ne paye pas d'impôt sur les intérêts accrus dans l'année.
  • Fonds communs indiciels :
    • Portefeuille à viser ING Direct : Celui-ci comprend 60% d'actions (canadiennes, américaines et internationales) et 40% d'obligations canadiennes. Il est géré par ING Direct qui s'assure que les proportions sont gardées malgré les fluctuations du marché.
    • Fonds Série-e TD Waterhouse : De façon similiaire, je me suis monté un portefeuille qui comprend des parts égales d'actions canadiennes, américaines et internationales ainsi que d'obligations canadiennes. Par contre, je gère moi-même les proportions entre les quatre catégories.

PASSIFS

Prêts étudiants (terminés!)

Juste pour me vanter un peu :) J'avais plus de 22 000$ de prêts étudiants à la fin de mes études de doctorat. J'ai commencé à payer mes prêts en janvier 2013, pour finalement en avoir marre de payer des intérêts et de l'assurance-prêt en plus de rembourser le capital. J'ai fait le choix de vider une partie de mes actifs pour effacer ma dette. Ça m'a probablement retardé un peu dans mes projets de vie (comme une maison) mais au moins à partir de ce moment-là, tout ce que j'allais gagner allait être à moi.


Cartes de crédit

Je me sers de ma carte de crédit pour régler la plupart de mes transactions. Ainsi, j'évite les frais et j'accumule des récompenses. Ma MasterCard CapitalOne RemisesPlus World m'offre notamment une remise en argent de 1% sur mes achats.
  • N'oubliez pas! Payez toujours votre solde de carte de crédit au complet à chaque mois. Sans cela, vous dites adieu à un retour instantané d'environ 19% sur votre argent!

VALEUR NETTE

À chaque mois je prends toujours quelques minutes pour entrer dans un joli classeur Excel maison l'état actuel de mes finances. Cela donne de beaux graphiques comme celui-ci :

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Dans le contexte de ce blog public, je fixe tout à fait arbitrairement la valeur "100%" à ma valeur nette au 1er juin 2013. Vous voyez donc que je suis passé dans le positif en mai 2012. À l'époque toutefois, j'avais encore mes dettes d'études en rembourser, ce que j'ai fait durant le mois de mai 2013.

Le chiffre officiel pour le mois de juillet est donc... (roulement de tambour)... +2.6%

Dans mes prochains billets, je vais définir plus en détails certains concepts qui nécessitent une explication plus extensive, comme les actions, les obligations et les fonds communs indiciels. Je vais également faire un suivi de la lecture de mon livre La planification financière personnelle.