
On n'a pas tous le compte en banque de Martin-Luc Archambault ou de Caroline Néron! Comment peut-on prendre part au processus avec nos moyens plus restreints? Le sociofinancement en capital est une solution.
Sociofinancement? Qu'est-ce que c'est?
Sociofinancement? Qu'est-ce que c'est?
Aussi appelé financement participatif, le sociofinancement est la levée de fonds, auprès d'un grand bassin de gens, pour financer le développement d'un produit ou d'un service. J'ai déjà touché un mot sur le sujet dans un billet précédent, en 2016. En résumé, il existe trois types de financement participatif.
1. Le sociofinancement sous forme de dons ou de prévente
Bien répandu sur les plateformes Kickstarter ou Indiegogo, ce type de financement permet de lever les fonds nécessaires à la compagnie pour développer son produit. En échange, la personne qui donne de l'argent peut recevoir un avantage : l'article ou le service en prévente, la mention de son nom dans les remerciements (par exemple à la fin d'un jeu vidéo), ou encore l'opportunité de rencontrer les entrepreneurs. Il existe également des plateformes qui ne servent qu'à recueillir des dons pour une cause, comme GoFundMe.
À cause du caractère caritatif de ce type de financement, il n'est pas régi par l'Autorité des marchés financiers ou quelconque organisme de réglementation. Il existe donc la possibilité qu'on ne reçoive jamais le produit. Dans un tel cas, des poursuites judiciaires devraient être intentées par les investisseurs floués.
2. Le sociofinancement en capital privé
Pour recueillir du financement, une entreprise peut décider d'approcher des investisseurs extérieurs. En échange des fonds, ces individus ou personnes morales reçoivent une part de la compagnie sous forme d'actions. Pour les grandes entreprises privées, ce mode est assez fréquent. Pour les petites entreprises et les entreprises en démarrage, c'est souvent plus difficile. Il existe cependant des dispositions dans la loi qui leur permet de procéder à du sociofinancement à moindres coûts juridiques et avec moins de paperasse.
Pour participer à ce mode de financement, les investisseurs doivent être "qualifiés", c'est-à-dire posséder un actif de plus d'un million de dollars (sans la résidence principale) ou encore gagner plus de 200 000$ par année après impôts, ce qui n'est pas à la portée de tous.
3. Le sociofinancement en capital public
Pour les investisseurs avec des moyens plus humbles, il existe le sociofinancement en capital public. Depuis mai 2015, il est possible pour les entreprises en démarrage d'effectuer une levée de fonds en échange d'actions. Ceci est effectué par le biais d'un portail de sociofinancement (comme GoTroo au Québec). L'entreprise qui lève des fonds est limitée à 250 000$ au total, pour un maximum de 1500$ par investisseur. Il y a également une limite minimale, ce qui signifie que si l'entreprise n'atteint pas son objectif, le processus est annulé et l'investisseur ne débourse rien.
Si le processus réussit, l'investisseur se retrouve donc avec des actions de la compagnie. Il ne peut cependant pas les vendre comme il le souhaite, puisqu'il n'existe pas de marché pour cela. Il reste donc investi jusqu'à ce que les termes du contrat de financement arrivent à échéance ou que la compagnie rachète les parts, entre en Bourse, est achetée par une autre compagnie ou fait carrément faillite. C'est pourquoi ce type d'investissement est risqué.
Si vous voulez plus de renseignements sur le sujet, je vous invite à consulter le guide pratique de l'Autorité des marchés financiers.
Si vous voulez plus de renseignements sur le sujet, je vous invite à consulter le guide pratique de l'Autorité des marchés financiers.
Une expérience concrète : Ubios
En 2016, lorsque j'ai découvert le sociofinancement en capital, c'était au moment où l'entreprise québécoise Ubios lançait sa propre campagne de financement sur GoTroo. Ubios conçoit des systèmes pour les maisons intelligentes, intégrant un thermostat, un système d'alarme et un système d'arrêt de l'arrivée d'eau qui s'enclenche lorsqu'il n'y a personne dans le logement. Leur but est d'éviter les dégâts causés par les bris des conduites d'eau. Ils cherchent surtout à s'implanter dans le marché des condominiums.
J'ai investi 500$ dans cette entreprise, sous forme de prêt convertible. Depuis, plus de deux ans se sont écoulés. Selon les termes du contrat, on m'a alors offert trois options : échanger tout de suite mes parts pour des actions de la compagnie, attendre 18 mois avant de choisir et profiter d'une escompte sur une autre levée de fonds éventuelle, ou encore retirer mes billes avec 15% d'intérêt annuel. J'ai choisi la première option.
Depuis, j'ai eu peu de nouvelles de la part d'Ubios. Je sais que l'entreprise est encore active (ça se voit sur les réseaux sociaux), mais j'avoue qu'ils ne sont pas très assidus dans leurs communications aux investisseurs. Ils semblent toutefois être encore d'actualité et remporter plusieurs prix d'entreprenariat au Canada et aux États-Unis. J'ai bien hâte de voir où tout cela va mener.
Une nouvelle opportunité : Hardbacon
Cette entreprise a été fondée par Julien Brault, ancien journaliste économique et bloggeur au magazine Les Affaires. En 2016, il a décidé de tout laisser tomber et de se lancer dans une aventure périlleuse : créer sa propre entreprise dans le domaine dans la technologie financière. Son objectif premier était de vulgariser la finance personnelle et les investissements pour le commun des mortels. C'est alors que Hardbacon est né.
Julien et son équipe ont commencé par réaliser un comparateur de courtiers à escompte, pour renseigner le public sur les services qu'ils offrent et surtout les frais qu'ils chargent. Par la suite, ils ont effectué une première levée de fonds (sociofinancement classique) pour monter un cours sur l'investissement intitulé justement "Pas un autre cours plate sur l'investissement". Depuis, l'entreprise a diversifié ses services : elle offre plusieurs comparateurs (cartes de crédit, hypothèques, assurances-vie...), de l'information pertinente sur les placements et une application mobile iOS qui permet de suivre nos placements et qui peut nous suggérer des façons d'investir intelligemment.
C'est surtout pour ce dernier développement que Hardbacon a décidé de faire appel au sociofinancement en capital public. Ils veulent pousser encore plus loin leur application, en offrant un service complet d'analyse de portefeuille et de planification financière, la possibilité d'effectuer des transactions depuis l'application, un service à la clientèle rapide, ainsi qu'une foule de conseils pour améliorer le portefeuille de placements du client. Ces services sont sur une base d'abonnement, allant de 0.99$/mois pour le plan de base et 9.99$/mois pour le plan premium. À noter qu'une version Android est en développement (et j'ai hâte de l'essayer!).
Le lancement officiel de la campagne de sociofinancement a eu lieu le 22 juin 2018. Celle-ci se terminera le 10 août 2018. Vous pouvez consulter le site de GoTroo juste ici pour plus d'informations : Hardbacon, l'app qui permet à tout le monde d'investir en Bourse.
Je pense que cette entreprise a cerné un besoin important, celui de pouvoir investir notre argent de façon simple et dans des mots qu'on comprend. Ce n'est pas réservé à ceux qui ont étudié en finance : tout le monde peut être un pro. Je vais donc suivre l'évolution de Hardbacon avec intérêt.
Je pense que cette entreprise a cerné un besoin important, celui de pouvoir investir notre argent de façon simple et dans des mots qu'on comprend. Ce n'est pas réservé à ceux qui ont étudié en finance : tout le monde peut être un pro. Je vais donc suivre l'évolution de Hardbacon avec intérêt.
Devenir un Dragon en herbe au Québec
L’offre en sociofinancement en capital est limitée au Québec. Une demi-douzaine de portails se sont inscrits auprès de l’Autorité de marchés financiers mais, parmi ceux-ci, seuls GoTroo et FrontFundr sont actifs. Si l’expérience vous intéresse, je vous suggère de vous inscrire sur ces sites et de suivre leurs infolettres. Qui sait, une belle opportunité d’affaires se présentera peut-être!